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Se verser un salaire en micro-entreprise ?

 

 

Dans un monde où la norme est de recevoir un salaire à la fin du mois en échange de son travail, forcément, quand on pense rémunération, on pense également salaire. Et c’est bien souvent un élément important pour juger d’une opportunité, pour savoir si une offre d’emploi est intéressante ou tout simplement parce qu’on a besoin d’argent pour vivre.

Evidemment, cette problématique ne disparaît pas subitement quand on décide de créer son entreprise.

Certes, on n’est plus dans le même fonctionnement, mais la question de “se verser un salaire” revient souvent donc on va s’atteler à clarifier tout cela, voir ce qui s’applique ou non à l’entrepreneuriat et au cas particulier de la micro-entreprise (ou autoentrepreneur). Quelles sont les implications de la rémunération et comment procéder en pratique ?

 

[Cet article est également disponible en version audio sur cette page et sur toutes les plateformes de podcast (Spotif, Apple Podcast, Amazon…]

 

 

1 | Il n’y a pas de salaire en micro-entreprise

 

Déjà, pour être clairs, qu’est-ce qu’on entend par salaire ? Si on fait un petit mix des définitions trouvées ça-et-là, le salaire c’est l’argent qui est versé par l’employeur à son salarié pour son travail, dans le cadre d’un contrat de travail.

Un autoentrepreneur, c’est un travailleur indépendant, avec un statut de travailleur non salarié. Ce qui veut dire qu’on ne peut pas réellement parler de salaire pour une micro-entreprise. C’est pour cela que je vais plutôt parler systématiquement de rémunération, qui est le terme plus général.

 

 

 

2 | Quelles sont les conséquences sur les impôts ou cotisations sociales

 

Pour une micro-entreprise, la rémunération est en fait sans impact ni sur les impôts ni sur les cotisations sociales… Ni sur rien en fait, parce qu’elle n’est formalisée nulle part.

Ce qui se passe en pratique dans une micro-entreprise, c’est vraiment lié au fonctionnement de ce régime particulier. On déclare uniquement son chiffre d’affaires, et toutes les charges, toutes les dépenses de l’entreprise, sont prises en compte de manière forfaitaire, avec l’abattement de 34 %, 50 % ou 71 % selon l’activité.

C’est le principe-même de la micro-entreprise, et c’est sur cette base qu’on va calculer les impôts et les cotisations sociales.

 

La conséquence, c’est donc que le montant que tu vas prélever pour ta rémunération n’aura aucun effet. Ce qui veut aussi dire que si tu réalises par exemple 5 000 € de chiffre d’affaires, et que tu as en même temps toutes sortes de frais professionnels pour un montant de 2 500 €, auxquels on ajoute un peu plus de 1 000 € de cotisations sociales, il te reste en réalité moins de 1 500 €.

Le détail du calcul : chiffre d’affaires 5 000 € – cotisations sociales 1 065 € – frais divers 2 500 € = 1 435 €

 

Sauf qu’on va considérer que tu as un revenu de 3 300 € si tu as une activité libérale (après déduction de l’abattement pour charges*). Donc ton impôt sur le revenu, ton revenu fiscal de référence, et toutes les conséquences que cela peut avoir à chaque fois que tu vas justifier tes revenus, seront basés sur un revenu théorique de 3 300 € alors que tu te rémunères en réalité moins de 1 500 €.

  • Le calcul : chiffre d’affaires 5 000 € → abattement pour charges 34 % x 5 000 = 1 700 € → revenu fiscal : 5 000 – 1 700 = 3 300 €

 

C’est clairement une des limites du régime de la micro-entreprise, qui fait qu’il peut être avantageux ou devenir au contraire un piège dès que tes dépenses sont plus importantes.

 

 

 

3 | Le formalisme pour se rémunérer en micro-entreprise en pratique

 

En ce qui concerne l’aspect pratique, on en revient là encore au fonctionnement spécifique de la micro-entreprise. Puisque c’est le chiffre d’affaires qui est pris en compte et un forfait représentant les charges, tout est allégé au niveau comptable et il n’y a aucun formalisme lié à la rémunération.

Se payer quand on est autoentrepreneur, c’est donc tout simplement faire un prélèvement dans la trésorerie de l’entreprise.

 

Si on sort un peu du cadre administratif, les vraies problématiques seront donc :

  • Que l’entreprise soit en mesure de générer un revenu suffisant,
  • De gérer la trésorerie au quotidien de façon saine.

 

 

4 | Comment gérer sa rémunération en micro-entreprise

 

La première vraie question sera donc celle du développement de l’entreprise. On en revient au cœur de l’entreprise, à son modèle économique. Avoir une activité, des produits, des tarifs, une manière de vendre, une manière de communiquer, etc. qui convergent dans le but de développer une entreprise viable et rentable.

Parce que forcément, si déjà sur papier, ça ne fonctionne pas parce que même en travaillant 15 heures par jour, cela aboutit à un gain maximum de 20 € par jour ou carrément à des pertes, on a un problème.

 

Donc la première chose à faire, c’est de mettre en place ou faire évoluer les piliers de son entreprise pour arriver à cette rentabilité.

 

Ensuite, on a l’aspect fluctuant du chiffre d’affaires. Là encore, c’est le modèle économique d’une façon générale ou simplement quelques aspects comme les modalités de paiement qu’il va falloir faire bouger pour assurer un minimum de stabilité si les périodes creuses ou l’insécurité sont trop importants.

Il peut aussi s’agir simplement d’une question de gestion de la trésorerie. Si on a une activité saisonnière ou quelques gros contrats qui vont générer une partie importante des revenus sur une courte période, il faut apprendre à considérer la trésorerie de l’entreprise sur une année plutôt que mois par mois. Si tu encaisses 15 000 € en mars et que tu sais que le chiffre des mois suivants sera beaucoup plus faible, évidemment tu ne flambes pas tout en mars.

 

Cela passe aussi par l’anticipation des dépenses qui n’ont pas forcément lieu tous les mois, comme la cotisation foncière des entreprises quand on n’est pas mensualisé. Ou les périodes de congés si elles entraînent un arrêt ou au moins une baisse de l’activité, ou encore les dépenses imprévues, le renouvellement du matériel, bref tout ce qui n’apparaît pas dans l’activité courante mais fait bien partie de la vie de l’entreprise.

C’est à la fois une question de visibilité sur la vie de l’entreprise, donc d’aller au-delà de l’obligation légale d’enregistrer ses encaissements, et de décisions, d’anticipation, de clarté dans la gestion de l’argent de l’entreprise.

 

 

5 | Impossible de bien gagner en micro-entreprise ?

 

On va quand même déconstruire une idée reçue avant de terminer cet article, l’idée selon laquelle un autoentrepreneur ne pourrait pas bien gagner sa vie.

Dans la tête de certaines personnes, le raccourci est vite fait : micro-entreprise = travailleur précaire. Dans les faits, c’est une partie de la réalité économique de notre pays, tout comme il y a des salariés précaires. C’est sans doute encore plus vrai pour les petites entreprises, parce qu’il faut aller chercher l’argent, il faut construire le modèle de l’entreprise, et soit multiplier les casquettes donc avoir des compétences qui n’ont rien à voir avec le métier exercé, soit payer quelqu’un pour déléguer ces tâches.

 

Mais ce n’est pas une raison pour généraliser autant. Rappelons que la micro-entreprise n’est qu’un choix de régime fiscal et social, avec une limite qui dépasse 77 000 € pour les prestations de services, 188 000 € pour les ventes. Donc même avec un niveau de charges qui dépasse l’abattement fiscal, en réalité il y a moyen de vivre correctement.

 

 

Prenons un chiffre d’affaires de 5 000 € par mois, donc 60 000 € hors taxes pour l’année, toujours en activité libérale.

On enlève 12 660 € de cotisations sociales.

Puis l’impôt sur le revenu. Prenons le cas d’un célibataire sans enfant (au sens fiscal, tu fais ce que tu veux de ta vie privée 😂), n’ayant pas droit au versement libératoire. Donc avec une simulation, on obtient un impôt sur le revenu de 5 474 €.

Il reste 41 866 €, auxquelles il faudra enlever les autres dépenses, d’outils, prestataires, etc. qui seront très variables d’une entreprise à une autre. Si on compte 8 000 € de dépenses annuelles, il nous reste au final environ 34 000 €, soit un peu plus de 2 800 € par mois net d’impôt.

Le montant des dépenses est totalement arbitraire et va affecter directement ton gain final. Si on réduit les charges réelles à 200 € par mois, donc 2 400 € annuels, on passe à un gain net de 3 300 € mensuels !

 

Et je précise bien qu’il s’agit d’un montant net d’impôt, parce que si tu veux comparer à un salaire, il ne faut pas oublier que le montant net de la fiche de paye, c’est celui perçu avant de payer l’impôt sur le revenu. Il faut comparer ce qui est comparable ! La rémunération avant impôt était dans ce dernier exemple d’environ 3 700 € mensuels.

 

Tous ces calculs sont approximatifs, pour te donner une idée un peu plus concrète de ce que l’on peut gagner en micro-entreprise et du raisonnement à avoir, de l’écart entre le chiffre d’affaires et le revenu final, mais aussi prendre conscience qu’il est possible de générer une vraie rémunération en micro-entreprise. En fonction de ta situation, tu gagnerais peut-être à évoluer vers un autre régime voire passer en société, mais le choix de la micro-entreprise peut aussi rester avantageux selon ta situation et ne devrait pas en tout cas être diabolisé ou pointé du doigt comme une entreprise “non viable” ou “pas sérieuse”.

Dans micro-entreprise, il y a entreprise, ce n’est pas un loisir mais une vraie activité indépendante avant tout !

 

 

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