Bien gérer son argent est une des clés en matière d’entrepreneuriat, et cela passe par certains outils. Le compte bancaire fait partie de ces indispensables, et pourtant il n’est pas si simple de savoir vers quel produit se tourner. Quelles sont les obligations bancaires pour un autoentrepreneur ? Quelles solutions sont les plus adaptées ? À quels tarifs ?
Nous allons faire la lumière sur ces questions pratiques récurrentes.
Cet article est une transcription de l’épisode du podcast Suis ton flow #19, disponible sur cette page et sur toutes les plateformes d’écoutes (Spotify, Deezer, Apple podcast…). Bonne écoute ou lecture !
1 | Ce que dit la loi : le compte bancaire obligatoire en micro-entreprise
Au niveau légal, l’obligation bancaire varie selon le type d’entreprise. Dans le cas d’une EURL, SARL, SAS ou SASU par exemple, le représentant légal ouvrira un compte bancaire au nom de la société avant même l’existence officielle de l’entreprise. C’est ce compte qui servira à déposer le capital de la société.
En micro-entreprise, en revanche, cette obligation n’existe pas. De toute façon, il n’y a aucune notion de capital dans cette forme d’entreprise hyper-simplifiée.
Cependant, le compte bancaire dédié à l’activité professionnelle reste une obligation légale, à partir du moment où la micro-entreprise a réalisé plus de 10 000 € de chiffre d’affaires pendant 2 années consécutives.
Cela veut donc dire qu’il est possible de passer au moins 2 ans à gérer son entreprise sans ouvrir de compte consacré à l’activité professionnelle, en toute légalité.
Mais regardons les choses sous un autre angle… Cela signifie également que pendant ce temps, les paiements des clients, les courses au supermarché et les prélèvements URSSAF se côtoient dans un joyeux bordel mélange.
2 | Pourquoi il ne faut pas se limiter à l’obligation légale
Tu l’auras compris, je te recommande vivement d’aller au-delà de ce que la loi exige. Profite de cette souplesse pour prendre le temps de choisir la solution qui te convient le mieux, profite pour faire tes démarches tranquillement, mais n’attends pas trop.
Pourquoi ?
Le compte bancaire ne sert pas seulement à encaisser et payer. Bon, de manière très pragmatique, si. Mais en fait, tu peux aussi le voir comme un outil de gestion.
Le fait d’avoir un compte qui mentionne TOUTES les opérations de ton entreprise et SEULEMENT les opérations de ton entreprise, cela te fait gagner en clarté. Et la clarté, dans un business, c’est précieux.
Tu peux suivre très facilement ton activité, que ce soit de ton côté lorsque tu consultes ton compte, lorsque tu recherches une opération précise, au moment de ton bilan d’activité, etc., mais aussi lorsque tu utilises la synchronisation bancaire avec ton logiciel de comptabilité par exemple.
En fait, la séparation distincte entre tes finances personnelles et tes finances professionnelles, c’est déjà un premier pas vers une véritable gestion d’entreprise.
Cela t’aide à prendre de bonnes habitudes, à structurer ta gestion, et même à construire un prévisionnel, avec un prélèvement mensuel de ta rémunération, le budget alloué à l’épargne ou encore aux investissements.
2 | Micro-entreprise : un compte professionnel ou non ?
Une fois que tu as décidé d’ouvrir un compte dédié à ta micro-entreprise, la question qui se pose est alors de savoir quel type de compte. Autrement dit, le compte professionnel est-il obligatoire ?
D’un point de vue strictement légal, tu n’as aucune obligation d’avoir un compte « professionnel », même lorsque tu dépasses le seuil de 10 000 € de chiffre d’affaires évoqué en première partie de cet article.
Il est donc tout à fait possible de fonctionner avec un compte classique ouvert dans n’importe quelle banque. Enfin… en théorie.
Sauf que les banques sont rarement de cet avis. Très souvent, leurs conditions générales de vente interdisent l’utilisation d’un compte classique pour une activité professionnelle. Du coup, on se retrouve souvent dans l’obligation de se tourner vers un compte professionnel, même en micro-entreprise.
Certes, le banquier ne surveille pas chaque transaction de ton compte pour vérifier s’il s’agit d’une activité professionnelle ou non. Mais dans la pratique, il y a un moment où cette contrainte s’impose souvent d’elle-même : le passage à la TVA.
En effet, certains prélèvements des administrations sont de type « B2B » ou « interentreprises ». Ce type de mandat présente une particularité : une fois qu’il a été exécuté, c’est-à-dire que la somme a été prélevée sur le compte, il n’est pas possible de le contester.
Une banque qui refuse l’utilisation de ce type de mandat sur un compte classique, cela veut donc dire automatiquement qu’il faut opter pour une autre solution pour pouvoir reverser la TVA, et on est alors forcé d’ouvrir un compte professionnel.
Maintenant, tu verras que ce n’est pas réellement un problème et que plusieurs alternatives se présentent à toi.
3 | Banque traditionnelle, banque en ligne, néo-banques : que choisir ?
Soyons honnêtes, le seul frein à l’ouverture d’un compte dédié ou d’un compte professionnel, c’est le coût. D’emblée, on pense aux solutions bancaires très coûteuses, adaptées à des entreprises qui ont un volume de transactions très important, ou qui ont besoin de services très spécifiques.
Par exemple, il est possible d’intégrer à son site web une solution de paiement proposée par une banque traditionnelle. Mais avec les solutions logicielles qui existent aujourd’hui, il faut avouer que Stripe et Paypal sont très efficaces et relativement peu coûteux (bon, Paypal est un peu plus cher que Stripe tout de même).
Alors finalement, quelles sont les possibilités pour avoir la sérénité d’un compte de type professionnel, sans pour autant se ruiner en frais bancaires ?
3.1 | Les néo-banques : l’option en plein essor
Ces dernières années, la tendance des néo-banques s’est énormément développée. Du côté utilisateurs, le fonctionnement est exactement le même que pour un compte en banque standard, avec toutefois l’impossibilité de découvert ou crédit bancaire.
Comme l’activité des néo-banques est basée sur le web et sur des modèles de type start-up, l’offre de service en ligne est généralement bien étoffée, avec parfois carrément des services de gestion ou d’aide à la création d’entreprise.
Evidemment, cela ne dispense pas de savoir comment fonctionne ta propre entreprise (c’est toi le patron et l’unique responsable de ce qui se passe dans ton entreprise !) mais il faut reconnaître que ce sont des plus qui peuvent faire la différence.
À côté de Qonto ou N26, Shine s’impose de plus en plus comme référence en France. Ses atouts :
- un tarif très attractif, à partir de 5 € par mois,
- une entreprise française (et donc un compte ouvert en France, pas de question d’avoirs détenus à l’étranger ou de RIB étranger qui fait parfois tiquer les administrations)
- une équipe dynamique et un esprit de communauté,
- des valeurs fortes avec notamment un service client soigné,
- une gamme de services associés.
3.2 | Les banques traditionnelles : la force de la relation
La première situation qui pousse à se tourner vers une banque traditionnelle, c’est si on a besoin de solutions de paiement avec par exemple l’utilisation d’un TPE (terminal de paiement électronique)… bref pour encaisser par CB physiquement.
Là encore, il existe des alternatives comme iZettle ou SumUp, que l’on peut connecter à n’importe quel compte bancaire et qui s’utilisent en 4G avec son téléphone pour une solution nomade.
Par contre, ce qui reste un réel atout avec les banques classiques, c’est la relation. Avoir un conseiller dédié, pouvoir discuter en termes de développement, dépasser le simple état des chiffres, et ouvrir des perspectives pour les besoins de financement du côté perso également.
Bien entendu, ce n’est pas toujours valable, il faut tomber sur le bon banquier… Mais ça existe (oui oui, promis).
Côté tarif, il est vrai que le coût est généralement bien plus élevé – et peut constituer un vrai frein s’il est disproportionné à l’activité. Cependant, certaines banques proposent des offres dédiées aux autoentrepreneurs à partir de 10 € par mois (constaté chez BNP Paribas par exemple).
3.3 | Les banques en ligne : un compromis
Les banques en ligne apparaissent comme un solution intermédiaire entre la banque traditionnelle, historique, et les néo-banques qui restent très récentes.
Il s’agit de filiales de grandes banques, donc de véritables comptes avec tous les services de crédit ou découvert associés. Les différences seront leur force et leur défaut à la fois :
- un système entièrement en ligne – donc qui fonctionne très bien à distance,
- un service client aux horaires étendus et facilement joignable… mais sans conseiller référent, et sans relation client suivie,
- des offres standardisées, faciles et rapides à mettre en œuvre, mais à la condition d’entrer parfaitement dans le standard attendu.
Bref, un profil qui se rapproche de la banque traditionnelle version web.
Quand on a besoin uniquement de services en lignes, c’est une option intéressante parce que les tarifs sont beaucoup plus bas qu’en banque « physique ». Pour prendre l’exemple que je connais le mieux, Boursorama dont je suis cliente depuis 2014, m’a généralement coûté… 0 €. CB incluse.
Depuis quelques années, ils proposent également une offre pro dédiée aux entrepreneurs individuels et autoentrepreneurs, à 9 € TTC tout inclus.
Et le petit bonus qui donne envie de tester, ils comptent sur leurs clients pour leur amener de nouveaux clients, grâce à un système de parrainage : en ouvrant un compte ainsi, chacun reçoit une prime de bienvenue (ou de remerciement) de 80 à 130 €.
En conclusion…
Tu as maintenant des éléments pour choisir le type de compte bancaire qui te convient, et tu vois que le fait d’avoir un compte dédié, même un compte professionnel, n’est pas forcément très coûteux ni compliqué.
Par contre, il peut faire une différence pour avoir plus de clarté et prendre de bonnes habitudes de gestion. Alors, n’hésite pas à anticiper l’obligation légale en ouvrant un compte entièrement consacré à l’activité de ton entreprise le plus tôt possible.