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Du chiffre d’affaires au revenu, les bons calculs

Il y a un gap entre le chiffre d'affaires et le revenu dont l'entrepreneur dispose réellement à la fin du mois. Focus sur les étapes pour se construire une vision sur les différents chiffres de son business, pouvoir prendre des décisions et faire des prévisions grâce à des petites habitudes de gestion. Podcast Suis ton flow & article du blog J'aime la paperasse #entrepreneuriat

 

Une fois n’est pas coutume, nous allons parler argent. Parce qu’il paraît que c’est assez délicat voire tabou en France mais ce que j’observe, c’est que :

  1. Les sujets sur l’argent plaisent bien, ce qui veut dire qu’en vrai on aime bien parler argent ou en tout cas avoir des conseils pour gagner plus d’argent ou mieux gérer son argent.
  2. On a tous besoin d’argent pour vivre à moins de vivre dans une tout autre société, donc c’est un sujet assez important.
  3. C’est encore plus vrai en matière d’entrepreneuriat : l’argent circule, on travaille pour en gagner, on en reverse une partie avec nos charges, on paie d’autres personnes qui vont aider à générer de nouveaux revenus…

Et c’est justement ce qui nous amène au sujet du jour. Il y a une différence considérable entre le chiffre d’affaires et le revenu, que nous allons clarifier aujourd’hui.

 

 

 

1 | Pourquoi c’est important ?

 

On ne le dira jamais assez, avoir une vision sur ses chiffres, c’est une première étape pour assurer la gestion de son entreprise et son développement. Et pas seulement, parce qu’une des finalités, c’est de pouvoir te dégager un revenu suffisant pour vivre.

Donc si tu n’as pas conscience du chiffre que tu dois réaliser pour pouvoir te dégager un revenu suffisant, ou pire si tu considères trop vite ton chiffre d’affaires comme un gain en quasi-totalité, eh bien c’est un peu plus compliqué.

 

Comme toujours, je ne te dirai pas que tu ne peux pas t’en sortir sans tout cela, simplement ce sont des éléments qui te permettent d’avoir une vision plus claire de ton activité et qui t’aident à prendre des décisions éclairées.

 

 

2 | Le chiffre d’affaires, qu’est-ce que c’est ?

 

Le point de départ, c’est déjà de savoir de quoi on parle exactement. La notion de chiffre d’affaires n’est pas forcément si évidente parce qu’elle est différente selon la forme d’entreprise par exemple.

Il y a d’abord la règle générale. La plupart des entreprises tiennent ce que l’on appelle une comptabilité d’engagement. Cela signifie que ce qui sera pris en compte, c’est le fait d’avoir réalisé une vente ou une prestation de services, et donc de l’avoir facturée puisqu’en principe la facturation se fait immédiatement.

Dans ce cas, le chiffre d’affaires correspond à toutes les ventes ou prestations de services réalisées pendant la période.

 

Par contre, en micro-entreprise, on ne se base pas sur les engagements mais uniquement sur les encaissements. Dans ce contexte, le chiffre d’affaires correspondra donc au montant des encaissements pendant la période, peu importe ce qui a été réalisé ou facturé.

Donc si on prend un exemple, si tu factures pour 1 500 € de prestations et que ton client t’en paie 300 €, dans la plupart des cas, quand on parlera du chiffre d’affaires, il s’agira de la totalité des 1 500 € mais en micro-entreprise il s’agira plutôt des 300 € qui ont été réellement encaissés.

 

Ce qui est valable dans tous les cas par contre, c’est que le chiffre d’affaires s’exprime en hors taxe : la TVA doit être reversée à l’Etat, ce n’est pas ton argent !

 

 

3 | Les principales charges de l’activité

 

La grande différence entre le chiffre d’affaires et le revenu, ce sont toutes les charges à payer. Elles vont dépendre de ton activité, de ta forme d’entreprise, de tes choix fiscaux et sociaux, etc.

On peut les classer en deux grandes catégories : les charges fixes et les charges variables.

 

Les charges fixes, ce sont tous les frais qui ne varient pas directement en fonction du volume d’activité. Par exemple, les abonnements aux logiciels fonctionnent sur la base d’un coût fixe. C’est aussi le cas du loyer pour un local, mais également des prestations récurrentes, si tu délègues une partie de ton activité à des collaborateurs.

Si tu délègues la gestion de ton compte Pinterest ou si tu fais appel à un expert-comptable, tu ne vas pas le payer un mois sur deux en fonction de ton chiffre réalisé (sinon, il risque de ne pas kiffer…), et le tarif n’est pas proportionnel à ton chiffre d’affaires.

 

En revanche, les charges variables seront directement (ou indirectement) proportionnelles à ton chiffre d’affaires. Par exemple, les cotisations sociales en micro-entreprise, sont calculées en appliquant un pourcentage à ton chiffre d’affaires.

Dans d’autres formes d’entreprise, les cotisations sociales seront calculées sur le bénéfice, c’est-à-dire ce qu’il reste à l’entreprise après avoir déduit toutes ses charges, ou encore sur la rémunération du dirigeant.

Elles peuvent aussi être directement liées à l’activité. Par exemple, si chaque vente entraîne un envoi postal, l’ensemble de ces frais postaux va constituer une charge variable : plus on vend, plus ces frais augmentent en proportion.

 

 

4 | Le cas particulier des investissements

 

En réalité, tous les frais ne seront pas si simples à classer dans l’une ou l’autre des catégories. Mais puisqu’on n’est pas en cours de comptabilité ou gestion, ce n’est pas important.

Il faut juste faire attention à ne pas oublier certains coûts de l’entreprise, comme les investissements. Il s’agit en général de frais ponctuels ou étalés sur une durée limitée, mais qui peuvent peser assez lourd dans le budget de l’entreprise, donc il est important de se rappeler leur existence et de les prévoir.

 

En fait, on peut mettre en place une sorte de plan d’investissement même quand on est à la tête d’une toute petite entreprise. C’est-à-dire que pour ne pas subir systématiquement ces coûts lorsqu’ils se présentent, on intègre un budget dédié aux futurs investissements.

Cela permet de prendre l’habitude d’épargner régulièrement pour que l’entreprise dispose d’une certaine trésorerie. On peut aussi prévoir le renouvellement du matériel : même en étant optimiste, on garde rarement un ordinateur pendant 15 ans, et son achat représente un montant non négligeable – qui peut devenir nécessaire au moment où on s’attend le moins, sans pouvoir être différé.

Ce mode de fonctionnement oblige à sortir du quotidien et avoir une vision à long terme (ou au moins moyen terme) en ayant conscience de coûts qui n’apparaissent pas aujourd’hui mais seront indispensable dans 1, 2 ou 5 ans.

Une entreprise qui se porte bien financièrement sera en mesure d’assurer le quotidien, mais aussi ces frais plus occasionnels.

 

 

5 | La rémunération de l’entrepreneur

 

Même si on ne travaille pas uniquement pour gagner de l’argent (enfin, en principe, après chacun fait ce qu’il veut), il faut bien penser à sa rémunération, ne serait-ce que pour avoir un toit sur la tête et remplir son frigo.

Cette rémunération sera gérée très différemment selon la forme d’entreprise et les options fiscales et sociales.

 

Par exemple, en micro-entreprise, comme on se base uniquement sur le chiffre d’affaires, les versements de rémunération sont totalement libres et sans conséquences. On se rémunère donc simplement sur ce qu’il reste après paiement de toutes les charges.

En entreprise individuelle « classique », les impôts et cotisations sociales sont calculées sur le bénéfice sans déduction de la rémunération. Cela signifie que là encore, le montant que l’on va réellement se verser n’aura aucune incidence autre que la trésorerie de l’entreprise.

Dans une entreprise soumise à l’impôt sur les sociétés, la rémunération du dirigeant est considérée comme une charge déductible, donc son montant va avoir un impact sur le montant d’impôts que l’entreprise va payer. Les cotisations sociales seront quant à elles calculées sur le montant de la rémunération.

Dans certains cas, les dirigeants auront un statut de salarié de leur société. Dans ce cas, les cotisations sociales sont calculées sur le salaire, à des taux largement supérieurs à ceux des travailleurs non salariés, qui ne bénéficient pas de la même protection sociale.

 

Même s’il n’y a pas autant de formalisme et encore moins d’impact financier en dehors évidemment du fait même de prendre dans la trésorerie de l’entreprise, on peut prendre l’habitude de se fixer une rémunération fixe et d’effectuer un prélèvement mensuel comme on l’aurait fait pour un salaire, dès que l’entreprise en a la capacité.

Encore une fois, il ne s’agit pas de règles absolues ou nécessaires, mais simplement de petites habitudes qui facilitent la gestion et la vision à long terme dans l’entreprise.

 

 

6 | Concrètement, à quoi ça sert, tout ça ?

 

Pour récapituler, nous avons retracé les étapes pour passer du chiffre d’affaires au revenu, en soulignant au passage les différents types de charges à prévoir dans son budget.

Mais l’idée ici n’est pas simplement de te lister les coûts à prévoir dans ton entreprise (mais il y a l’épisode 9 du podcast Suis ton flow ou l’article Le vrai coût de la micro-entreprise). Ce qu’il faut retenir, c’est l’aspect plus stratégique de l’analyse des coûts.

 

En pratique, avoir conscience de ce schéma va te permettre de prévoir la plupart de tes coûts.

Par exemple, si tu tables sur une augmentation de 25 % du chiffre d’affaires, tu sais que tes charges variables vont augmenter d’autant, mais que tes charges fixes restent stables. En réalité, elles peuvent augmenter aussi mais ce sera par palier, et pas directement en fonction du chiffre d’affaires.

Autre exemple, tu disposes d’un espace de stockage sui te permet de fonctionner avec une production de 50 produits par mois, est toujours suffisant pour 80 produits, mais si tu passes à 150 produits tu auras besoin d’un nouvel espace, donc tu changes de palier avec un loyer plus élevé. Mais il ne va pas varier d’un mois à l’autre.

 

Même si le calcul n’est pas hyper précis, c’est déjà une bonne base de travail pour faire une projection, ne serait-ce que sur quelques mois pour démarrer.

Cela peut te permettre d’avoir une estimation du seuil de rentabilité de ton entreprise. C’est-à-dire de savoir quel chiffre d’affaires tu dois réaliser pour que ton activité commence à être rentable, qu’il reste quelque chose une fois que tu as payé toutes les charges.

 

Avoir conscience de ce schéma te permet aussi de comprendre qu’il y a un fossé entre ton chiffre d’affaires et ton revenu, et d’établir des tarifs corrects en conséquence. Quand on démarre en tant que freelance par exemple, on peut se dire que comme on a peu de charges, on peut se contenter de facturer à 20 €/heure. Sauf qu’une fois qu’on prend en compte le nombre d’heures facturées chaque mois et les différentes charges, on se rend compte qu’à moins de travailler énormément, c’est insuffisant pour se dégager un revenu.

 

Cette vision permet de prendre des décisions stratégiques : revoir ses tarifs, miser sur tel produit plutôt qu’un autre, investir ou non, développer son équipe de travail, fixer sa rémunération, décider d’une épargne régulière…

On se place non seulement dans ce qui se passe aujourd’hui dans l’entreprise, mais aussi dans la durée pour pérenniser et développer son activité. Encore une fois, ce n’est pas une science exacte à moins d’avoir une boule de cristal et de connaître l’avenir, mais c’est un outil pour décider de la direction que l’on souhaite prendre avec son entreprise.

 

Et si l’exercice te semble trop fastidieux ou que tu as besoin d’un coup de pouce, il ne faut pas hésiter à te faire aider d’un expert-comptable ou d’un professionnel de l’accompagnement !

Le but de cet article est de te donner une première approche pour clarifier ta vision, te projeter dans le schéma pour passer du chiffre d’affaires au revenu personnel. D’ailleurs, il s’agit d’une introduction au business plan dont nous aurons l’occasion de parler prochainement.

 

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