Quitter la fonction publique pour entreprendre, ça demande de l’audace. C’est le choix que Léa a fait et elle nous offre son témoignage sur le podcast J’aime la paperasse. Elle est encore en pleine transition professionnelle et elle revient sur son parcours, nous explique par quoi elle est passée jusqu’à son grand départ de l’Education Nationale en rupture conventionnelle.
[Cet article est une transcription rédigée à partir de l’interview de l’épisode n°73 du podcast J’aime la paperasse]
Stéphanie : Au moment où on réalise cette interview, tu es actuellement professeure au collège, et tu te lances comme consultante en intégration des réflexes archaïques.
Est-ce que tu peux nous présenter ton parcours dans les grandes lignes ?
Léa : Aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours voulu être prof. C’est vraiment le cliché de la petite fille qui veut d’abord devenir maîtresse parce qu’elle est fan de ses maîtresses et de ses maîtres qu’elle rencontre en primaire. Et c’est vraiment toujours quelque chose qui m’a suivie au collège, au lycée.
J’ai été spécialement attirée par les matières scientifiques. Et j’avais cette chose à l’intérieur de moi qui me disait que les mathématiques, c’était tellement détesté par les gens, globalement, que moi, j’y arriverais. J’arriverais à faire aimer les maths et à donner envie de faire des maths.
Donc, c’est vraiment quelque chose qui m’a poursuivie tout au long de mes études. J’ai eu le cursus classique, j’ai été en fac de mathématiques et j’ai passé au fur et à mesure aussi tout ce qui était lié à la petite enfance, c’est-à-dire mon BAFA. J’ai été surveillante aussi, j’avais vraiment cette appétence à travailler avec les enfants.
J’ai eu mon CAPES, ça a été un des plus beaux jours de ma vie, de me dire que j’avais réalisé ce premier rêve de devenir enseignante en 2007. Je suis rentrée dans ce métier avec beaucoup de joie, avec beaucoup d’envie et vraiment, je faisais le métier de mes rêves. Donc voilà, j’ai vraiment un parcours très classique de la petite fille qui voulait être prof depuis toujours.
Stéphanie : C’était en 2007, donc là, ça fait 17 ans ?
Léa : Effectivement, en 2007, quand j’ai commencé, je me disais que je ferais ce métier-là toute ma vie. Parce qu’on parle de vocation et pour le coup, ça l’est, même toujours.
C’est toujours une vocation d’avoir envie d’aider des enfants, de les accompagner dans les apprentissages. Et globalement, je me suis rendu compte que ce qui me passionnait, c’était l’apprentissage, globalement.
Stéphanie : Et là, quand tu en parles, on sent encore que c’est un métier que tu aimes.
Léa : Ah oui, vraiment.
Stéphanie : On s’interroge encore plus sur le fait de devenir indépendante.
Qu’est-ce qui a créé le déclic ? Pourquoi tu as voulu devenir indépendante ?
Alors, souvent, on me pose cette question parce qu’effectivement, comme je suis une professeure investie, motivée, ça étonne toujours les personnes que je parte de l’Education Nationale.
Alors, plus qu’un déclic, je pense que c’est un chemin qui était ponctué de petits déclics, en fait.
Le premier déclic, ça va faire aussi cliché, mais ce n’est pas grave, j’assume. C’est la naissance de mon premier enfant. Alors oui, devenir maman, c’est OK, ça chamboule tout le monde. Enfin voilà, on le sait tous. Mais c’est cet enfant-là, tel qu’il était, où j’ai senti qu’il était un peu différent depuis sa naissance. Il ne réagissait pas comme tous les autres enfants. Et donc, j’ai commencé à me poser beaucoup de questions, à lire beaucoup justement sur le développement du cerveau de l’enfant. sur les atypies, sur tout ça.
Et ça, ça a changé ma vision de la vie, ça a changé ma vision de l’enseignement, ça a tout changé, en fait.
J’ai commencé déjà à entreprendre dans mon enseignement des adaptations pédagogiques auxquelles je n’aurais jamais pensé avant par rapport à tous les troubles dys, par rapport à tous les troubles de l’attention, etc. Jusqu’à venir à une pédagogie flexible, avec une classe flexible, où les élèves, à certains moments, ont la possibilité de choisir des assises différentes parce qu’ils se sentent mieux comme ça pour apprendre. On peut mieux apprendre allongé, on peut mieux apprendre debout, on peut mieux apprendre en bougeant.
Et de là, en fait, est partie toute une série de lectures, d’intérêt pour les pédagogies alternatives, les neurosciences, clairement, c’est ça qui a commencé à me passionner. Et de fil en aiguille, je sentais que j’avais trop de frustration à l’intérieur de moi au sein de l’Education Nationale.
Alors, honnêtement, je ne suis pas venue là pour critiquer à longueur de journée l’Education Nationale. Effectivement, il y a des dysfonctionnements, on le sait tous. On les connaît tous, encore plus quand on est de l’intérieur.
Moi, je préfère parler de ce que j’ai ressenti moi dans mon quotidien de prof. Et ce que je ressens moi dans mon quotidien de prof, c’est trop de frustration de laisser certains enfants au bord du chemin.
Je resitue le contexte. Peut-être que les gens ne se rendent pas trop compte, c’est 50 minutes de cours rythmés par des sonneries. Il y a un début, il y a une fin. Il y a un programme à tenir avec des élèves qui ont tous des niveaux différents, mais on a un programme à tenir avec des besoins particuliers pour chaque élève. Et en fait, à la fin des 50 minutes, moi, à chaque fois, j’avais la frustration de me dire, tel élève, je n’ai pas pu l’aider aujourd’hui. Tel élève m’a posé une question, je n’ai pas eu le temps d’y répondre.
Cette frustration-là, au quotidien, vraiment, c’est devenu quasiment insupportable. Je rentrais le soir, j’étais énervée, en colère par cette frustration qui avait grandi en moi au cours de la journée. Et là, je me suis dit qu’il fallait que je fasse quelque chose.
Le projet au départ, c’était plutôt une activité complémentaire ou tu t’orientais vers une reconversion, malgré ton amour du métier ?
Léa : Alors au début, j’ai voulu concilier les deux. Parce que je pense que tout enseignant a quand même cette chose-là, de se dire qu’on est quand même en sécurité à l’Education Nationale.
Il y a une sécurité financière, il y a une sécurité sur l’avenir qui est plus certain que dans d’autres métiers, surtout dans l’entrepreneuriat. Et donc du coup… Mon premier réflexe, c’est de me dire qu’on va cumuler les deux.
Et là, effectivement, je me suis rendu compte que ça n’allait pas être possible. Parce que ce que je voulais faire était trop proche de ce que je proposais à l’Education Nationale, et du coup, ils allaient refuser.
Stéphanie : Donc la barrière pour toi, ça a vraiment été le cadre légal, administratif et le fait que ton employeur n’accepte pas le cumul de projet.
Léa : Tout à fait. Et puis, quand j’ai commencé à me renseigner, j’ai compris aussi que ces derniers temps, la loi, justement, s’était durcie par rapport à ça et que j’aurais peu de chance d’avoir accès à un cumul d’activité.
Alors après, à cette époque-là, je ne savais pas encore précisément quel serait mon projet. Je savais que c’était dans l’accompagnement des enfants en difficulté, en trouble d’apprentissage, etc. mais je n’avais pas encore rencontré les réflexes. Il fallait que je trouve vraiment ce qui m’animait.
Mais c’est vrai qu’au début, quand j’ai commencé à parler d’un projet autour de l’accompagnement des enfants en difficulté d’apprentissage, tout de suite, les portes se sont fermées pour un cumul.
Comment s’est passée cette période avant d’acter ta reconversion ?
Stéphanie : Tu dirais que tu as mis combien de temps entre le moment où tu as commencé à te dire “Tiens, je vais faire autre chose” et vraiment le moment où tu as pris la décision et fait les démarches ?
Léa : La naissance de mon enfant c’était il y a presque huit ans et j’ai commencé à me renseigner il y a deux ans. Donc en fait, il y a six ans qui se sont passés entre l’envie de me dire qu’à un moment mon chemin sera ailleurs, et quand vraiment je commence à me renseigner sur les possibilités.
Stéphanie : Donc tu dirais que dans toute cette période, il y avait quand même déjà quelque chose de latent et ça mûrissait tranquillement.
Léa : Oui, mais dans la balance, tu es à l’Education Nationale, c’est la sécurité, tout le monde autour de toi te le dit : “Regarde, ça va, fais tes cours de maths et puis c’est normal que tu en laisses au bord du chemin. Ce n’est pas grave, ça fait partie aussi des choses, tu ne peux pas aider tout le monde. Ne sois pas si sensible…”
Donc il y avait toutes ces injonctions-là, qui ont duré effectivement six ans, mais qui se sont entrechoquées à l’intérieur de moi. Jusqu’au moment où, telle que je suis, ce n’était pas possible pour moi de continuer comme ça. Donc, six ans.
Et justement, comment ton entourage a réagi ?
Alors, comment dire sans vexer trop de personnes ? (rires)
Globalement, la chose que j’ai ressentie, même si parfois certains se forçaient à ne pas me le montrer par gentillesse, c’est de la peur, clairement.
Je viens d’une famille de fonctionnaires. J’ai une maman qui est assistante sociale dans l’Education Nationale. J’ai un papa qui était professeur de physique à l’université. J’ai une tante aussi qui était enseignante. Vraiment, je viens de ce milieu des fonctionnaires de l’Education Nationale. Et même dans ma belle famille, il y a énormément de fonctionnaires. Je ne sais pas pourquoi, mais c’est comme ça.
Du coup, vraiment, la peur que je sentais dans leur regard quand j’annonçais que j’allais partir de l’Education Nationale, c’était clair et net. Ma belle-famille ne me le disait pas trop à moi, elle disait plutôt à mon mari : “Mais pourquoi elle fait ça ?” Je sentais que c’était très compliqué pour eux. Je leur en veux pas, je pense que ce sont des générations aussi pour qui le fonctionnariat c’était l’eldorado.
Et ce n’est plus le cas. selon moi. Après bizarrement, du côté de mes collègues, il y avait un peu des deux quoi. Un peu “Ouah quel courage, tu oses faire ça !” et certains “Mais pourquoi tu fais ça ?!”
La question que j’ai eu souvent : “T’es sûre que ça va marcher ?” Non, je ne suis pas sûre que ça va marcher. Mais en tout cas, c’est comme dans la vie, j’essaie d’entreprendre les choses et de me donner les moyens pour que ça fonctionne.
En plus, tu es partie en rupture conventionnelle !
Stéphanie : Alors, d’un côté, on sait bien que c’est compliqué à obtenir. J’ai envie de dire, surtout dans l’Education nationale, c’est rare. Et en même temps, c’est une manière aussi de sécuriser ton projet, parce que tu ne pars pas non plus sans filet.
Léa : Tout à fait. Et c’est pour ça que vraiment, j’ai tout donné pour avoir cette rupture conventionnelle. Je me suis fait accompagner aussi, ça m’a énormément aidée. Mais c’est vrai que la rupture conventionnelle, en termes de sécurité pour l’avenir, sécurité financière, c’est ce qu’il y avait de mieux à avoir. Donc, j’ai beaucoup de gratitude d’avoir réussi à obtenir ça.
Comment se donner un maximum de chances d’obtenir cette rupture conventionnelle ?
Stéphanie : Est-ce que tu penses qu’il y a des choses qui ont joué dans le fait d’obtenir justement cette rupture conventionnelle ? Parce qu’il y en a beaucoup qui essaient et qui essuient un refus. Donc, est-ce que tu as mis en place des choses particulières, des choses que tu as avancées dans ton projet, peut-être pour motiver ton projet ?
Léa : Oui. Alors déjà, une première chose, c’est que peut-être que les gens ne comprennent pas trop, mais nous, dans l’Education Nationale, on ne cotise pas pour le chômage. Donc, ça veut dire qu’en fait, cette rupture conventionnelle est présente seulement depuis 2020 dans la fonction publique et en essai jusqu’à 2025, et on ne sait pas ce qu’il va en advenir.
En fait, ce qui se passe du coup, c’est que les enjeux quand on demande une rupture conventionnelle ne sont pas du tout les mêmes, puisque c’est l’Education Nationale [NDLR : l’ancien employeur public] qui va nous rémunérer pendant ce temps de chômage.
Du coup, l’attitude et la posture à avoir quand on demande ceci n’est pas du tout la même que dans le privé. Parce qu’on doit leur montrer que ce qu’on va faire ensuite va tenir la route. On doit se présenter à eux comme on se présenterait devant des futurs investisseurs.
Après, moi, je me suis fait aider d’une association qui s’appelle Après Prof, qui m’a accompagnée sur toutes les étapes de la rupture conventionnelle. Et clairement, c’est ça qui a fait aussi que j’ai réussi et que je l’ai obtenue. Parce que malgré tout, dans cette administration, c’est assez obscur tout ce qui est justement la posture à avoir, quels sont les tenants, les aboutissants de cette demande de rupture conventionnelle, qu’est-ce qu’on doit présenter, qu’est-ce qu’ils attendent de nous. Et le fait de se faire accompagner tout au long de ce cheminement m’a vraiment aidée.
Est-ce que tu as ressenti un côté presque paternaliste, qu’ils ont peur que dans six mois tu veuilles revenir en arrière ?
Mais oui, c’est tellement ça ! Quand je racontais mon entretien, je disais que limite à chaque ponctuation de phrase la personne que j’avais en face de moi finissait par “Mais vous êtes sûre ?! Parce que quand même être prof, ça fait assurer un salaire chaque mois. Et puis quand même, vous avez des enfants en bas âge, 7 ans et 4 ans. Vous êtes vraiment sûre ?!”
Et même à la fin, quand j’ai signé, parce qu’après, il y a toute une procédure. Donc, quand je suis revenue pour signer, ils m’ont dit : “N’oubliez pas, vous avez jusqu’au 27 mai pour revenir sur votre décision. Notez bien cette date.”
Il faut être, je trouve, assez fort et solide dans son idée, dans ses projets, pour ne pas céder à la peur qu’on nous renvoie tout le temps.
Stéphanie : Bon, quelque part, j’ai envie de dire, tant mieux, parce que ça te permet de t’y confronter. Là, tu es sûre. Mais c’est vrai que même quand tu obtiens la réponse et que c’est bon, tu as signé, tu es content, mais en même temps, tu as presque l’impression de faire une grosse bêtise.
Léa : C’est exactement ça. Et je pense que ça, c’est vraiment cette espèce d’inconscient collectif qu’un fonctionnaire doit remercier toute sa vie d’être dans ce statut-là, que c’est le meilleur des statuts et qu’il ne faut jamais en partir.
Et je pense que ça, c’est la construction du fonctionnaire français qui date d’il y a longtemps. Mais vraiment, j’ai ressenti la même chose que toi. Et je le ressens encore. J’ai encore des retours de ce style-là. Mais comment tu vas faire ? Mais t’es sûre ? Mais pourquoi ? Mais si tu veux revenir ?
Mais non, je ne veux pas revenir !
Stéphanie : Alors que c’est vrai qu’un salarié du privé a plus cette perspective que, OK, tu es parti, si vraiment tu veux revenir dans le salariat, tu iras ailleurs, en fait. Mais c’est vrai que pour l’enseignement, aller ailleurs, c’est plus compliqué.
Léa : C’est sûr. Et puis, c’est vrai aussi qu’il y a toutes ces lois, malgré tout. Quand on part avec une rupture conventionnelle en plus, pendant six années, on ne peut pas revenir pour devenir fonctionnaire de l’État. Ces lois alourdissent cette prise de décision qui est peut-être plus légère dans le privé, même s’il y a plein de situations possibles.
Stéphanie : Et puis, je pense aussi au fait de la manière d’accéder au poste. Parce qu’une fois que tu es partie, si tu veux revenir, il faut repasser le concours.
Léa : Exactement. Et d’ailleurs, quand je signe, on me dit bien : “À partir de maintenant, vous êtes radiée de l’Education Nationale.” Et je trouve que c’est ultra fort comme mot. Radiée, il y a une notion de “je n’existe plus”. Alors que j’ai quand même été prof pendant 17 ans. ça fait partie de ma personnalité d’avoir été prof vraiment, c’est dans mes tripes donc je suis radiée, je n’existe plus en tant que prof donc je trouve ça hyper fort.
Aujourd’hui, quand tu regardes ton parcours, est-ce qu’il y a une chose dont tu es fière justement dans ce parcours, une réussite, quelque chose qui ressort ?
Alors je crois, et ça reprend un petit peu tout le discours qu’on a eu avant, mais ce qui me rend le plus fière, c’est d’avoir continué à y croire alors que personne n’y croyait.
Une petite chose qui me fait penser à un collègue qui me dit “Bravo Léa, félicitations, mais je dois être honnête, moi j’y croyais pas”. J’ai répondu : je sais, personne n’y croyait.
Il n’y avait que moi qui y croyais, en gros. C’est vraiment la chose dont je suis la plus fière. Et ça, c’est vraiment un message que j’aimerais transmettre. C’est que quand on se donne les moyens vraiment d’y arriver, même si personne n’y croit autour, quand on sent et qu’on a la petite flamme à l’intérieur, il faut continuer et y croire encore.
Stéphanie : Est-ce qu’il y a quelque chose que tu aurais fait différemment dans ce parcours ?
Léa : Non, honnêtement, si je réfléchis à cette question, j’ai vraiment l’impression que quand je me sentais en difficulté, à chaque fois, je faisais appel à quelqu’un de compétent, qui me permettait, justement, de dépasser cet obstacle devant lequel je me trouvais.
Donc, ce qui m’a beaucoup aidée aussi, et que je conseille, c’est d’écouter des témoignages de gens qui ont réussi. Et clairement, des podcasts, lire des témoignages, des groupes sur Facebook, ça aide et ça m’a vraiment aidée, moi, à continuer à y croire.
Stéphanie : Et c’est pour ça que tu es là aujourd’hui, justement, pour montrer que c’est possible. Et même quand on aime vraiment son métier, il n’y a pas que les gens qui sont complètement démotivés qui partent. Parfois, on aime ce qu’on fait et on se lance quand même.
Léa : Exactement, et ça aussi, ça a été un truc un peu bizarre à expliquer. C’est qu’on a l’impression qu’un prof qui part de l’Education Nationale, c’est vraiment parce qu’il est au bout du rouleau, qu’il n’en peut plus, qu’il a eu plein d’arrêts maladie avant, de tout ça. Et moi, ce n’est pas mon cas. J’aime toujours ce que je fais et je vais accompagner les enfants autrement. Merci de le souligner.
Et du coup, quel conseil donnerais-tu à celles et ceux qui n’osent peut-être pas se lancer ou qui sont en réflexion ?
C’est peut-être d’analyser ce qui vous empêche de le faire. Parce qu’au lieu de dire “qu’est-ce que tu veux faire”, c’est plutôt “qu’est-ce qui t’empêcherait de le faire ?”
C’est-à-dire pointer les peurs. Certains, ça va être la sécurité financière, d’autres, ça va être la sécurité de l’emploi. Et peut-être détricoter ces peurs-là et se faire aider pour que ces peurs-là n’empêchent pas d’avancer.
Parce que finalement, si l’envie est là, ce qui nous retient, c’est des peurs. Et les peurs, il y a des moyens de les dépasser, de les apaiser. Et après, on y va.
Peux-tu nous présenter ton projet entrepreneurial ?
Stéphanie : L’intitulé ne parlera pas forcément à tout le monde. Quand on parle des réflexes archaïques, on ne sait pas du tout ce que c’est si on ne s’est pas intéressé à la question. Donc, est-ce que tu peux nous en dire plus ?
Léa : Avec grand plaisir. Alors peut-être d’abord justement expliquer ce que c’est qu’un réflexe archaïque. Tous les parents qui ont vu leur enfant naître ont vu le pédiatre à un moment tester des réflexes. On teste le réflexe de la marche automatique. On va tester l’agrippement, on met les doigts comme ça et on se fait agripper par le bébé, on voit s’il tient, etc.
En fait, ces réflexes-là, ce sont des mouvements automatiques et involontaires qui sont déclenchés par un stimulus. Ils sont là pour la survie de l’espèce humaine. Donc, heureusement qu’à la naissance, ces bébés-là les ont.
Mais souvent, les pédiatres, après, ne s’en occupent plus trop. Ils vérifient qu’ils sont là à la naissance et c’est très bien. Et puis après, on ne s’en occupe plus. Il se trouve que depuis les années 70, des recherches ont été faites au niveau des neurosciences, et on s’est aperçu que ces réflexes, pour plein de raisons, restaient parfois actifs. C’est-à-dire qu’ils restaient trop présents parce que normalement ces réflexes autour de trois ans, ils s’intègrent dans le corps, on n’en a plus besoin.
Ils sont là mais comme en dormance. Mais chez certains enfants et même adultes, ces réflexes sont encore très présents. Je donne un exemple : le réflexe de succion, qui nous sert à survivre et à pouvoir nous nourrir à la naissance, si ce réflexe-là reste trop actif, on va voir souvent des enfants qui ont tout le temps besoin de mâchouiller quelque chose, qui ont besoin d’avoir un stylo dans la bouche ou un chewing-gum. Ou peut-être des adultes qui ont du mal à arrêter de fumer, par exemple. C’est peut-être un réflexe de succion qui est encore trop présent.
Et ces réflexes vont jouer sur trois sphères : la sphère cognitive, la sphère motrice, bien évidemment, et la sphère émotionnelle. Et c’est ça qui m’a passionnée.
On va rencontrer vraiment différentes problématiques, que ce soit au niveau cognitif, au niveau des apprentissages, parce que ça joue aussi sur la concentration. Imaginez-vous devoir lutter contre un mouvement réflexe à longueur de journée. Comment voulez-vous vous concentrer quand on a un mouvement qui vient comme ça nous embêter comme un caillou dans la chaussure ? C’est impossible.
Moi, ça a été une révélation, ça a répondu à beaucoup de questions que je me posais en tant qu’enseignante sur des difficultés d’apprentissage. Je me souviendrai toujours de ce premier jour de formation, il y a un an maintenant, où je me suis dit mais ça y est, c’est ça ! C’est enfin ça les réponses à toutes les questions que je me posais.
Et donc, je me suis formée toute cette année pour obtenir une certification pour devenir consultante en intégration des réflexes archaïques. Donc, aider justement à l’intégration de ces réflexes qui sont restés trop actifs chez certains enfants, voire adultes.
Stéphanie : Et du coup, tu as une orientation liée à l’apprentissage ou c’est quelque chose de plus large ?
Léa : C’est beaucoup plus large, mais effectivement, j’ai quand même une sensibilité d’enseignante, même si je suis radiée de l’éducation nationale. J’ai cette sensibilité-là qui fait que viennent à moi effectivement déjà beaucoup d’enfants qui ont des troubles de l’apprentissage, des troubles de l’attention. Parce qu’effectivement, c’est ça qui m’anime. Mais c’est vraiment très, très large et mon cabinet sera ouvert à toutes les personnes qui ont des défis à relever dans leur vie et que je pourrais aider.
Stéphanie : Trop intéressant. C’est ça qui est génial aussi, c’est qu’on découvre en même temps des métiers, des spécialités qui ouvrent des pistes vers plein de choses.
Léa : C’est ça. Et pour la petite histoire, quand j’ai passé mon entretien de rupture conventionnelle… On a parlé de ce qui allait m’arriver si je partais de l’Education nationale, etc. Et après, pendant un quart d’heure, on a parlé des réflexes archaïques, de qu’est-ce qui pouvait l’aider. Chacun m’a parlé de sa petite histoire, de son enfant, d’un tel qui avait eu du mal à faire ci, à faire ça. Et en fait, on a fini à parler des réflexes archaïques pendant 20 minutes.
C’est aussi ça qui m’anime et que j’ai envie de faire connaître. Un peu comme j’avais ce défi-là avec les mathématiques, de faire aimer les maths. Je crois que j’ai un peu ce nouveau défi de faire connaître au plus grand monde les réflexes archaïques.
Stéphanie : Eh bien, un grand bravo pour ce parcours. Là, tu es à une étape charnière, on va dire, avec cette transition. Et j’espère que ça apporte beaucoup aux auditeurs d’avoir ce témoignage où on sent en plus la passion dans tout ce que tu fais. Merci beaucoup.
Le conseil bonus de Léa
Est-ce que je peux juste dire une petite chose quand même que j’ai oubliée ? C’est que quand on vient de l’Education Nationale, on n’a aucune connaissance sur le monde de l’entreprise. Et j’avoue que moi, ça me faisait très, très peur vu qu’en plus, je n’ai aucune personne autour de moi qui entreprend, mais vraiment aucune.
Et du coup, c’est comme ça que je t’ai connue, c’est par ta formation [NDLR : il s’agit de la formation micro-entreprise]. Et vraiment merci, parce que je me repasse la formation plusieurs fois pour bien intégrer toutes les notions qui pour moi étaient un nouveau monde.
Si je peux donner un conseil aussi, c’est de se faire accompagner là-dessus et je te remercie vraiment pour cette super formation qui m’a beaucoup aidée.
Merci ! Où peut-on te retrouver, Léa ?
Alors pour l’instant, sur Instagram où j’explique justement un peu mon cheminement, les réflexes, etc. Donc, ça s’appelle Sur le chemin de Léa. Et à partir de septembre 2024, dans un cabinet au Pontet dans le Vaucluse. C’est un cabinet multidisciplinaire qui s’appelle Pôle de médecine douce de Roberti. Dès septembre, je serai disponible pour recevoir.
Un grand merci et bravo à Léa pour son parcours !
Et si toi aussi tu souhaites te faire accompagner dans cette transition professionnelle, découvre la formation 100 % dédiée à l’administratif de la micro-entreprise. Ou plus spécifiquement, le programme Fonctionnaire Entrepreneur, qui détaille toutes les démarches pour concilier un projet de création d’entreprise quand on travaille dans la fonction publique.
Cet article t’a plus ? Partage sur Pinterest :